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- Петер
Фаркаш В Люксембургском садунавсегда. Повесть. Перевод с венгерского ивступление
Юрия Гусева
in: Иностранная литература / Inostrannaja
Literatura, 02/2021
L’homme assis tout le temps au jardin du Luxembourg
Le récit de Péter Farkas relate
une histoire – à première vue – bien simple : la mort de la femme vécue par
le mari. Le texte est composé de courtes scènes qui s’enchaînent sans que la
chronologie soit toujours respectée. Les personnages n’ont pas de nom. La femme,
l’homme, puis les personnages secondaires ; le médecin, la fleuriste, les employés
des pompes funèbres etc. Nous sommes dans une grande ville qui n’est pas nommée
non plus, sauf dans le titre et la dernière scène qui se passe à Paris, au jardin
du Luxembourg.
La première scène se passe à l’hôpital où la femme, inconsciente, a été transportée.
La deuxième scène raconte ce qui s’est passé avant. L’homme est en train d’écrire
quand la femme, enseignante, rentre à la maison. Elle vient de faire des courses.
Mais tout d’un coup elle perd connaissance. Au bout de quelques heures elle
meurt.
La suite décrit en détail les réactions de l’homme. Il se rend à l’agence des
pompes funèbres, donne des instructions. Huit personnes participent à la cérémonie
funèbre. L’homme garde chez lui le vase contenant les restes de la femme. Finalement
il se rend au jardin du Luxembourg. Il attend que la nuit tombe. Il rencontre
quelqu’un qui le guide entre les buissons et l’aide à trouver l’endroit où disperser
les cendres, avant que de disparaître, laissant l'homme seul. Dans la dernière
scène c’est un gardien qui aperçoit que l’homme est resté assis depuis des heures
sans bouger. Il le touche, le corps commence à se désagrégé, il devient poussière.
Le texte est concis, il ne dit que ce qui est visible de l’extérieur. L’essentiel
est dans le non-dit. Le moment évoqué est – pour utiliser le terme introduit
par Karl Jaspers – une situation-frontière, une situation impossible à dépasser.
L’objectivité du récit fait sa force. De la mort physique à l’enterrement bien
spécial le récit avance inexorablement. Un grand thème, un très beau texte.
(János Szávai)
János Szávai (1940) has taught French and Comparative Literature at ELTE since
1975. Visiting Professor at the University Paris III between 1982 and 1985.
Ambassador of Hungary in Paris from 1990 to 1994. Professor at the University
Paris IV-Sorbonne 1994–2005.